jeudi 8 mai 2014

Ces Français oubliés

par Évangeline Lenouvel

Seconde de liste du Rassemblement Bleu Marine



En matière d’inégalités sociales, les Français de l’étranger sont parmi les plus concernés, qu’il s’agisse des retraites, des cotisations sociales ou de l’aide aux handicapés.

Si vivre hors de France procède pour beaucoup d’entre nous, fort heureusement, d’un choix personnel ou d’un parcours professionnel, nombre de nos compatriotes expatriés ont tout simplement dû quitter leur terre natale car, malgré de nombreuses années passées au travail, leur retraite ne leur suffit pas pour y vivre décemment.


Eux-mêmes, et leurs parents avant eux, ce sont battus pour ces « acquis sociaux » dont la France s’enorgueillit. Mais dès lors qu’ils ont quitté son territoire, nos compatriotes n’intéressent plus nos dirigeants, ils n’existent plus pour eux quand ils ne sont pas tout bonnement assimilés à des privilégiés, à des « exilés fiscaux » montrés du doigt et qu’il faut ponctionner toujours et encore.

Le Français habitant hors de son pays  n’est plus qu’un fantôme pour notre système social. Pas de minimum retraite, pas de CMU car, même avec une retraite mensuelle de 400 €, il est obligé d’adhérer à la CFE dont la cotisation minimale est d’environ 70 € par mois.

Quant aux handicapés à 100 %, en fauteuil roulant et ayant besoin d’une aide en permanence à domicile, exit cela aussi.

En Thaïlande, nous avons au sein de la communauté française des personnes âgées qui ne pourraient pas accéder en France à des maisons de retraite médicalisées. Sur le sol de leurs aïeux, elles y auraient fini dans des mouroirs car pas assez riches pour payer leur logement avec leur petite pension.

Les Thaïlandais nous accueillent avec gentillesse, ils respectent la vieillesse et les handicaps qui l’accompagnent trop souvent. Parmi eux, il n’est pas difficile de trouver des personnes serviables et attentives prêtent à se dévouer et qui ne comptent pas leurs heures. Mais tout travail mérite salaire, alors pourquoi les plus nécessiteux d’entre nous sont-ils abandonnés à leur sort par leur propre pays ? Pays qui n’hésite pas, par ailleurs, à assister le monde entier dès qu’il réside sur son territoire, même en situation illégale.

Mais, ce que la France oublie, c’est que ses ressortissants qui vivent ici avec une retraite « normale », eux ils cotisent. Ces personnes-là continuent à payer leur dîme au régime social général. Pour nous tous, sur nos retraites, nous sommes assujettis à la COTAM, prélèvement qui peut atteindre 4 % de nos pensions et qui est précisément destiné à financer la solidarité. Et, pour les plus riches d’entre nous, nous payons  l’impôt « social » sur les revenus du patrimoine que nous détenons encore en France (CSG-CRDS).

Alors, oui, nous aimerions bien que nos compatriotes expatriés dans le besoin, ces « Français oubliés », en profitent un tout petit peu eux aussi.

Évangeline Lenouvel